La liturgie est et demeure la lex orandi (= règle de la prière). La prière non liturgique devra toujours se régler sur elle, si elle entend conserver sa vitalité. Il ne serait sans doute pas strictement exact de dire que la liturgie est à la prière populaire dans le même rapport que le dogme à la foi individuelle ; mais il y a cependant quelque chose de cela. La liturgie est la norme d’après laquelle toutes les autres vies spirituelles reconnaîtront toujours plus facilement leurs déviations et qui leur servira le plus sûrement à retrouver la via ordinaria (= voie habituelle, régulière). Les besoins spirituels changeants et variables, des époques et des lieux, se traduiront toujours spontanément dans la dévotion populaire. En face de ces formes spirituelles, c’est la liturgie qui reflètera toujours les lois fondamentales et immuables de la saine piété, de la piété fondamentale.
Romano Guardini (1885-1968) L’esprit de la liturgie (1918), Parole et silence, Paris, 2007, p. 10
L’abbé Guardini est l’un des grands acteurs du « mouvement liturgique » dont est issu le renouveau voulu par le concile Vatican II. Cet allemand (d’origine italienne) enseigna la théologie dogmatique. « L’esprit de la liturgie » est l’un de ses ouvrages les plus célèbres. En hommage à ce maître incontesté, le cardinal Joseph Ratzinger publia un livre portant le même titre (Ad Solem, Genève, 2002, 186 pages).
Que signifie le mot liturgie ?
Le mot « Liturgie » signifie originellement « œuvre publique », « service de la part de/et en faveur du peuple ». Dans la tradition chrétienne il veut signifier que le Peuple de Dieu prend part à « l’œuvre de Dieu » (cf. Jn 17, 4). Par la Liturgie le Christ, notre Rédempteur et Grand Prêtre, continue dans son Église, avec elle et par elle, l’œuvre de notre rédemption.
Le mot « Liturgie » dans le Nouveau Testament est employé pour désigner non seulement la célébration du culte divin (cf. Ac 13, 2 ; Lc 1, 23), mais aussi l’annonce de l’Évangile (cf. Rm 15, 16 ; Ph 2, 14-17 et 2, 30) et la charité en acte (cf. Rm 15, 27 ; 2 Co 9, 12 ; Ph 2, 25). Dans toutes ces situations, il s’agit du service de Dieu et des hommes. Dans la célébration liturgique, l’Église est servante, à l’image de son Seigneur, l’unique « Liturge » (cf. He 8, 2 et 6), participant à son sacerdoce (culte) prophétique (annonce) et royale (service de charité).
Catéchisme de l’Église Catholique, 1998, n° 1069-170