On pourrait peut-être se réjouir de ne voir que peu de monde venir se confesser de ses péchés dans la mesure où cela signifierait la sainteté des paroissiens… Mais est-ce vraiment ici la raison de la situation ? On est en droit d’en douter… du moins si l’on s’en réfère au Nouveau Testament : « Si nous disons que nous ne sommes pas pécheurs, nous faisons du Christ un menteur et sa parole n’est pas en nous. » (1Jn 1, 10).
C’est justement la question : accueillons-nous la Parole de Dieu et sa puissance de conversion ? Ce n’est pas sans raison que l’actuel Rituel du Sacrement de pénitence et de réconciliation (confession) demande que l’on commence sa célébration par une lecture biblique dans laquelle « naît et se développe la contrition dont dépend la vérité de la pénitence » (Rituel n° 16).
On entend dire : « Moi, je demande directement pardon à Dieu. » On ne peut que souscrire à cette manière de faire : la prière, par exemple, est bien un lieu où nous avons la possibilité de dénoncer nos péchés.
Mais c’est dangereux si cela sous-entend : « Par conséquent, je n’ai pas besoin d’aller voir un prêtre. » Car alors, c’est méconnaître la raison de ce recours : la démarche pénitentielle peut devenir un sacrement, c’est-à-dire un signe sensible, au plus près de nous, de la miséricorde divine qui remet en route.
Le prêtre n’est pas le juge d’un tribunal divin imaginaire, il « est serviteur du pardon de Dieu tel qu’il s’exerce par l’Église » (Rituel n° 22). Le concile de Trente, au 16e siècle faisait de lui un « médecin des âmes » : les prêtres sont formés en vue de cette fonction.
Le Rituel n’hésite pas à écrire que le prêtre « révèle l’amour du Père » au pénitent et même qu’« il est pour ses frères le visage du Christ venu pour les pécheurs ».
Le chant d’entrée de la messe du troisième dimanche de l’Avent donne la belle couleur rose à ce sacrement : « Réjouissez-vous dans le Seigneur. (…) Le Seigneur est proche. » L’oraison d’ouverture le dit aussi : « Ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau. » Une telle préparation correspond bien à ce qu’offre le sacrement de pénitence.
Alors profitons-en sans vaine réserve !
Mgr Yvon Aybram Vicaire épiscopal, Curé – fip 16.12.2012