Le sixième et dernier dimanche de Carême porte le nom de « Dimanche des Rameaux et de la Passion » : on y célèbre à la fois l’entrée triomphale du Christ dans Jérusalem et le chemin qui va le conduire à la mort en Croix.
Déjà vers l’an 400, une pèlerine gauloise nommée Égérie raconte qu’elle assista à une procession partant de Bethphagé, sur le mont des Oliviers et aboutissant à la basilique du Saint-Sépulcre : « Tous les enfants du pays, jusqu’à ceux qui ne peuvent pas marcher parce qu’ils sont trop jeunes et que leurs parents portent sur leurs épaules, tous tiennent des rameaux, qui de palmier, qui d’olivier ; et ainsi on escorte l’évêque de la même manière qu’a été escorté alors le Seigneur. » (Journal de voyage, collection Sources chrétiennes n° 296, Cerf, Paris, 1997, p. 275). Cette procession apparaîtra finalement en Occident au 8e siècle.
La célébration débute par le récit de l’entrée de Jésus acclamé par la foule ; il est suivi de la bénédiction des rameaux que chacun emportera chez soi à l’issue de la messe qui comporte également la proclamation solennelle de la Passion du Seigneur (cette année également .dans l’évangile selon saint Marc).
Ce qui se passe à l’entrée de la ville sainte peut être regardé comme une synthèse très forte des gestes et des paroles de Jésus tout au long de sa vie : il se présente en messie humble, ami des pauvres et des petits, proche aussi des pécheurs à qui il annonce la tendresse et le pardon de Dieu. Mais, dans le même temps, ses paroles et ses actes manifestent une liberté absolue, celle du Fils, lorsqu’il parle de Dieu comme de son Père et qu’en son nom il pardonne. Il a blasphémé diront très vite les pharisiens et les grands prêtres, qui le répèteront lors de la Passion, ajoutant d’une seule voix qu’il mérite la mort : « Crucifie-le ! ». Nous sommes au cœur de l’Évangile…
Le récit rapporte que la foule chantait le psaume 117 (118) qui accompagnait le pèlerinage de Sukkôt (fête des Tentes, automne) : rameaux en main, les fidèles s’approchaient dans la joie, jusqu’au Sanctuaire. Ils levaient les rameaux à plusieurs moments au cri du Hosanna, au point que l’on désignait parfois le rameau du nom de « Hosanna » !
« Sauve-moi ! » ou « Sauve-nous ! », tel est le premier sens de ce cri que le peuple lance vers Dieu dans sa marche vers le temple : « Donne, Seigneur, donne le salut. » (Ps 117, 25). Dans ce cadre, le terme est devenu une acclamation qui sera reprise dans la liturgie chrétienne pour dire l’attente eschatologique, l’attente de la venue définitive du Messie : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Psaume 117, 26). C’est ainsi que nous le prenons au Sanctus de chaque messe.
(Cf. Fip n°30 de dimanche 25 mars 2018)
Mgr Yvon Aybram Curé-Doyen
Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l’Univers
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire,
Hosanna au plus haut des cieux !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur,
Hosanna au plus haut des cieux !