L’importance de l’Écriture, affirmée par le concile Vatican II, s’étend tout naturellement au lieu d’où elle est proclamée. Dans la Présentation Générale du Lectionnaire Romain (n° 32-33) on souligne que le « lieu » doit montrer la dignité de la Parole et rappeler le lien avec l’autel, pour qu’on comprenne que, dans la Messe, est mise la table de la Parole de Dieu et celle du Corps du Christ. L’ambon rappelle l’autel, car le Verbe proclamé depuis l’ambon se fait « chair » sur l’autel. On peut légitimement parler de « deux tables » : celle de la Parole et celle de l’Eucharistie.
L’ancêtre biblique de notre ambon pourrait être la tribune qu’Esdras fit bâtir pour la lecture solennelle de la Loi, à l’occasion de la fête des Semaines en 445 av. J.-C. Dans le livre de Néhémie on lit : « Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois. Tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le peuple se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : Amen ! Amen ! Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. » (cf. Ne 8, 4-6). Esdras est sur une tribune bâtie exprès pour exprimer la dignité de la Parole lorsqu’elle est proclamée. « Il dominait l’assemblée » : pour une exigence logistique (être vu et entendu de tous) mais aussi pour une valeur symbolique. Dieu prononce une Parole qui est au dessus de nos paroles, qui doit descendre dans les cœurs.
Dans la Présentation Générale du Missel Romain (n° 309) nous lisons : « La dignité de la Parole de Dieu requiert qu’il y ait dans l’église un lieu adapté à sa proclamation et vers lequel, pendant la liturgie de la Parole, se tourne spontanément l’attention des fidèles. Il convient en règle générale que ce lieu soit un ambon fixe et non un simple pupitre mobile. On l’aménagera de telle sorte que les fidèles voient et entendent bien les ministres ordonnés et les lecteurs. C’est uniquement de l’ambon que sont proclamés les lectures, le psaume responsorial et l’annonce de Pâques (cf. Exsultet) ; on peut aussi y prononcer l’homélie et les intentions de la prière universelle. La dignité de l’ambon exige que seul le ministre de la Parole y monte. »
Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation « Dimanche de la Parole de Dieu » Mediaspaul, Paris, 2020, pp. 12-15